28 SECONDES TROP TARD - Introduction à l’OUCOPO

Le titre intrigue par son étrangeté, et se prête à une lecture absurde, voire burlesque : il s’agit d’un laps de temps inhabituellement spécifique pour évoquer un retard. Cependant, la mention « trop tard » déploie une toute autre dimension, créant une tension dramatique instantanée et poussant à se demander : Trop tard pour quoi ? L’on pourrait penser que ce recueil consisterait en une réflexion sur la manière dont des détails infimes (quelques secondes) mis bout à bout peuvent avoir des répercussions majeures. Si « 28 secondes trop tard » évoque une idée fugace, concrète et immédiate, « Introduction à l’OUCOPO » semble plus abstrait, méthodologique. Cette juxtaposition crée un contraste saisissant et dévoile un contexte expérimental et ludique par une référence visible à l’OULIPO. Empruntant directement à un univers connu de la pop culture (28 jours plus tard, de Danny Boyle), l'œuvre s'ancre immédiatement dans un dialogue avec une esthétique post-apocalyptique, rajoutant à la tension première, tout en la détournant vers quelque chose de plus ironique et intellectuel, la volonté à déconstruire ou réinterpréter des éléments de l’imaginaire collectif et de la culture populaire : les propos journalistiques et plus particulièrement les magazines télé. Véritable « collage littéraire », ce recueil réussit à capturer un aspect essentiel de la condition moderne : une saturation de discours et d’images, où le sens est constamment reconfiguré. L'approche est riche, percutante et ludique : sa force réside dans sa capacité à transformer l’ordinaire (les fragments journalistiques) en quelque chose d’extraordinaire et de profondément signifiant, tout en donnant envie de s’essayer au même exercice. Cet ouvrage constitue donc une véritable critique des discours institutionnels et médiatiques, mais sa dimension socio-politique n’occulte pas son humour ni son accessibilité, démultipliant ainsi son efficacité.